Ōban, Star-racers

Si j'arrive pas à faire changer papa, le Prix Ultime le fera. Je vais gagner cette course !

Molly

Ōban, Star-racers © Sav! The World Productions 2006/ HAL FILM MAKER Inc. 2006 Tous droits réservés.

Nom alternatif :
Molly, Star-racer
Pays :
France/ Japon
Genres :
Action/ Aventure/ Drame/ Science-Fiction
Studios d'animation :
Hal Film Maker/ SynergySP/ Pumpkin 3D
Date de diffusion :
Printemps 2006
Épisodes :
26
Diffuseurs en France :
France 3/ Jetix

Nous sommes en 2082, les Terriens vivent en paix avec les autres nations extra-terrestres depuis l'attaque manquée du peuple Crog. Mais le gouvernement terrien est soudainement contacté par le grand Avatar qui leur apprend que tous les 10 000 ans a lieu une course intergalactique qui doit décider du futur de chaque planète. C'est la célèbre écurie de course du Directeur Don Wei qui est choisie pour représenter la Terre dans ce tournoi tenu top secret.

Eva est une jeune adolescente rebelle qui rêve de suivre les traces de feu sa mère, une célèbre pilote. Le jour de son quinzième anniversaire, elle fugue de la pension où elle loge afin de venir rappeler son existence à son père Don Wei qui ne l'a pas recontactée depuis 10 ans. Arrivée devant lui, son père ne la reconnaît même pas, Eva prend alors une fausse identité sous le nom de Molly et parvient grâce à ses talents de mécanicienne à intégrer l'équipe choisie pour disputer la grande course intergalactique d'Ōban.

Molly parviendra-t-elle a devenir une pilote émérite et à remporter la course d'Ōban ?

La créativité française associée au savoir-faire japonais

Molly, Star-racer/ Savin YEATMAN EIFFEL et Thomas ROMAIN © Sav! The World Productions 2006/ HAL FILM MAKER Inc. 2006/ obanstarracers.com/fr 2006 Tous droits réservés.

Peut-être que certains d'entre vous le connaisse, peut-être que d'autres non, une chose est sûre, Ōban, Star-racers est un anime atypique qui a réussi à se construire une fanbase solide à travers le monde avec un enthousiasme toujours présent même après toutes ces années ! Mais qu'est-ce qu'Ōban, Star-racers au juste ?

Ōban, Star-racers est un projet inédit dans le monde de l'animation puisqu'il s'agit d'un projet français développé en collaboration avec le Japon. Imaginé par Savin YEATMAN-EIFFEL en 1997 puis rejoint plus tard par le dessinateur Thomas ROMAIN, le projet avait pour inspiration les anime japonais qui ont bercé l'enfance de son créateur qui a souhaité à son tour créer une série à l'envergure similaire, c'est à dire avec une histoire qui se suit et des personnages au développement important. Malheureusement ce n'est pas trop dans l'esprit de l'animation française, il aura donc fallu de nombreuses années avant que le projet ne trouve enfin des sponsors grâce au court-métrage Molly, Star-racer qui fit le tour des festivals et de la toile où une fanbase commencera déjà à se construire. C'est comme ça que le projet finit par se déplacer jusqu'au Japon qui semble être le pays le plus à même de réaliser les idées des créateurs. S'engage alors pour la première et, encore de nos jours, rares fois une collaboration entre la France et le Japon sur une série d'animation. Après de nombreuses années de travail intense, le projet fini arrive chez nous en 2006 sur la chaîne France 3. C'est un véritable succès et c'est ainsi que le fandom d'Ōban répond toujours présent en 2021, à l'occasion du 15e anniversaire de la série qui ressort en Blu-Ray cette année après un crowdfunding international qui aura dépassé les 1000% de recette.

Une série lumineuse et ingénieuse et trop méconnue à mon sens que je vais donc tenter de vous faire découvrir ou redécouvrir !

De Arouas à Ōban

La série se découpera en deux parties bien distinctes.

La première partie dépeint l'arrivée de Molly dans l'équipe terrienne choisie pour concourir dans la course d'Ōban. Molly, décidée à se rapprocher de son père, s'envole donc avec lui et son équipe sur la planète Arouas où se déroulent les courses de présélections contre les autres équipes de chaque planète extra-terrestre. Cette partie se déroulera de manière relativement simple puisque chaque épisode consistera à gagner une course contre l'ennemi du jour, les courses impliquant généralement un choix moral pour l'équipe terrienne qui affronte des ennemis dans une situation parfois délicate autant pour eux que pour ceux d'en face. Certains épisodes se révèleront néanmoins plus simples avec des ennemis mal intentionnés qui tenteront de mettre des bâtons dans les roues de nos héros pour les faire éliminer de la compétition, occasionnant généralement des passages plus humoristiques. Malgré le format plutôt épisodique, cette première partie se suit avec intérêt car elle nous fait non seulement découvrir toute l'étendue de l'univers très riche d'Ōban mais conserve également un fil conducteur pour son histoire en prenant le temps de développer un ou plusieurs personnages à chaque épisode et en disséminant ci et là de nombreux mystères. Cette partie introductive sera donc principalement portée sur l'humour et l'action avec des courses énergiques et des personnages hauts en couleur.

La seconde partie se concentre sur les gagnants des présélections et change drastiquement de ton pour partir sur quelque chose de beaucoup plus mélancolique voire dramatique. La compétition ne sera plus une vulgaire battle royale, non, cette fois-ci les neuf finalistes devront concourir dans chaque course afin d'engranger le plus de points possible pour arriver premier au classement général. Cette partie sera cette fois-ci beaucoup plus sobre et surtout bien plus sombre. Les finalistes ne sont plus là pour s'amuser, ils ont des rêves importants à réaliser et des engagements à tenir auprès de leur peuple et ne peuvent plus se permettre de perdre, cela créera donc énormément de tension entre les différentes équipes mais également au sein de notre équipe de héros qui se retrouve embrigadée dans un conflit qui les dépasse totalement. Cette partie sera donc beaucoup plus contemplative et portée sur la psychologie et l'histoire de chaque personnage plutôt que sur l'action, les courses malgré des changements de décors et de concepts assez variés restant relativement monotones comparées aux courses certes plus classiques mais plus tactiques et mouvementées de la première partie de la série. En effet, les secrets d'Ōban se dévoilent petit à petit et sont de plus en plus lourds à porter pour chaque concurrent qui devra donc apprendre à mettre ses états d'âme de côté pour espérer atteindre son objectif.

Si la première partie se présente donc plus comme une énième série d'aventure mecha, la deuxième partie elle partira dans une optique plus humaine et dramatique, donnant ainsi tout son cachet à cette série qui ne fera qu'évoluer tout au long de ses 26 épisodes en proposant au final une intrigue bien plus profonde et réfléchie que ce à quoi l'on pouvait s'attendre d'un simple dessin-animé de course SF. On regrettera quelque peu la fin assez rushée qui aurait bien mérité un petit épilogue en plus pour poser tout ça à plat mais cela n'enlève en rien la qualité globale de l'œuvre qui se conclue d'une manière aussi belle qu'émouvante et qui parvient à faire le tour de son histoire et de tous ses personnages.

Des caractères bien trempés

Car les personnages seront une des principales forces de la série !

Nous suivons tout d'abord notre héroïne Molly (ou Eva de son vrai prénom), jeune fille débrouillarde et au caractère bien trempé qui souffre de l'abandon de son père depuis la mort de sa mère étant petite. Inspirée par ses parents, elle passera de nombreuses années à bidouiller des machines volantes et se découvrira un vrai talent de pilote. Molly est donc une héroïne assez surprenante, loin de se laisser marcher sur les pieds, elle saura parfaitement s'imposer dans cet univers d'hommes. Et si elle peut avoir un caractère de cochon typiquement français, elle nous laissera aussi entrevoir une facette beaucoup plus fragile d'elle-même qui nous donnera de l'empathie pour ce personnage en manque de reconnaissance et qui n'a jamais pu faire le deuil de ses parents. Une héroïne à la fois forte et sensible dont la force de caractère et la quête ne pourra que nous enchanter

Elle sera donc entourée de ses compagnons de l'équipe terrienne. Tout d'abord Jordan, tireur d'élite qui deviendra rapidement son meilleur ami avec son caractère honnête et enjoué et que Molly saura secouer lorsqu'il le faut. Rick sera le pilote principal de l'équipe et mentor de Molly qui sous ses airs charmeur sera en réalité un homme bienveillant et compréhensif qui saura la conseiller et la rassurer. Stan et Kôji seront les deux mécaniciens plus anecdotiques mais toujours là pour mettre l'ambiance et avoir le petit mot pour rire, et SURTOUT pour cravacher et remettre le vaisseau à neuf à entre deux courses endiablées. Enfin nous finissons par Don Wei, le chef d'équipe intraitable et toujours irrité qui est aussi le père de Molly sans le savoir. Don Wei est probablement un des personnages le mieux développé puisque présenté d'abord comme un homme aigri et insupportable, il apprendra à se relâcher et à tenter d'écouter son cœur et les membres de son équipe. Un personnage brisé qui devra apprendre à affronter ses démons pour espérer renouer avec la seule chose qui ait jamais compté pour lui : sa fille.

Ōban, Star-racers © Sav! The World Productions 2006/ HAL FILM MAKER Inc. 2006/ Rosalius de Oban Remaster Project (Dailymotion) 2020 Tous droits réservés.

De nombreuses autres équipe se joindront au casting de l'anime. Il y aura vraiment de tout et n'importe quoi, des mollusques, des démons, des nains, des robots, des créatures mystérieuses aussi bien antiques que technologiques, TOUT sera représenté dans l'anime. Et si ce n'était pas déjà assez, sachez qu'ils auront également tous leur propre histoire, développée avec plus ou moins de profondeur (les finalistes de la deuxième partie auraient probablement mérité plus d'épisodes), mais avec des récits toujours très intéressants qui engendrent bon nombre de questionnements humanistes. En effet, chacun sera là parfois pour sauver son peuple de l'extinction ou parfois pour ses propres objectifs personnels comme donner un sens à son existence. Ainsi pour chacun des personnages tous les moyens seront bons pour rester en liste tant ils ont à perdre si ils se font éliminer. L'équipe terrienne se retrouvera donc à de nombreuses reprises face à des dilemmes qui créeront des dissonances dans le groupe et le téléspectateur ne pourra que se prendre d'empathie pour chacun des participants, aussi machiavélique soit-il. Bien sûr il y aura aussi des personnages qui ne feront office que de comic relief ou de grand méchant pas beau, mais ils restent toujours intéressants dans le sens où ils apporteront toujours quelque chose au développement des autres personnages. On peut le voir par exemple avec les Crogs, les grands antagonistes sans réelle nuance de la série, mais qui permettent de mettre le Prince Aikka, love interest de notre héroïne, en porte à faux tout au long de la série, tiraillé entre le bien de son peuple et les codes d'honneur inculqué par celui-ci.

Ainsi les personnages d'Ōban feront partie des très nombreuses qualités de la série. On y retrouvera certes des stéréotypes un peu datés parfois mais qui fonctionnent toujours de manière efficace et proposent des échanges naturels et soulevant bon nombre de questions à la teneur très profonde.

Quand Fantasy et Science-Fiction se mélangent

Ōban, Star-racers © Sav! The World Productions 2006/ HAL FILM MAKER Inc. 2006/ fanpop.com 2023 Tous droits réservés.

Le procédé de réalisation d'Ōban est déjà unique en soi puisqu'il s'agit d'une coproduction franco-japonaise, un type de collaboration tellement rare que la série en a été la pionnière et peut-être finalement une des rares à avoir jamais existé sous cette forme ou de manière aussi concrète et poussée. Comme dit plus haut, Ōban vient donc du cerveau d'un groupe de jeunes français formés à l'animation. Le projet, grâce à diverses démarches, a finalement migré avec ses créateurs dans le studio d'animation japonais Hal Film Maker. À partir de là, tout le travail de création et d'animation s'effectue au Japon tandis que le travail d'animation numérique, de postproduction et d'enregistrement des voix se fera en France, principalement à Paris et dans les studios Pumpkin 3D.

Nous sommes donc face à une œuvre à l'animation 2D typique des séries purement japonaises. L'animation est très fluide et les décors et l'univers sont particulièrement travaillés, empruntant les codes de la fantasy. La principale différence qui sautera aux yeux sera le fameux chara design cette fois-ci très européen avec notamment ses visages sans nez. Un design à la fois très simpliste et plutôt cartoonesque avec ses personnages principaux aux styles street et colorés et les proportions des corps à tendance cubique. C'est un mélange qui pourra donc surprendre au début mais auquel on finit par s'habituer assez rapidement dû à la variété des charas designs et à l'animation plus que soignée.

L'anime contiendra également de nombreux éléments en 3D tels les décors, les vaisseaux des équipes ou tous les effets d'explosion durant les courses par exemple. La 3D ne vaudra bien évidemment pas celle d'un long métrage, néanmoins c'est là qu'on peut admirer le savoir faire français puisque là où la plupart des productions japonaises ont tendance à être tirées vers le bas par leurs passages en 3D, il n'en sera rien dans Ōban qui parviendra tout à fait à mélanger les deux styles sans que cela ne choque outre mesure, au contraire la 3D est peut-être même un plus pour une série avec des courses aussi dynamiques. D'ailleurs pour tous ceux qui s'inquièteraient, sachez que le genre du mecha n'est pas une des composantes principales de l'œuvre. Bien sûr il y aura tout un pan réservé aux courses et à la spécificité de chaque vaisseau mais la narration se construira principalement autour des personnages et des divers enjeux plutôt que des courses en elles-mêmes, donc pour tous les allergiques au genre mecha - comme moi -, vous pouvez vous lancer dans la série sans craintes !

Du côté de l'OST, c'est le compositeur japonais IWASAKI Taku qui s'en charge et qui nous offre des morceaux aussi énergiques que mélodieux. Les génériques quant à eux seront composés par la grande KANNO Yôko qu'on ne présente plus, une collaboration assez sensationnelle pour le souligner sur un tel projet de niche ! Si l'Opening "A Chance to Shine" est digne de votre OP d'anime classique avec son ton dynamique et enjoué proche de celui de la série, l'Ending "Waratteta" sera lui une belle balade calme et intimiste qui mettra en avant le côté plus mélancolique et humaniste de la série. À noter qu'il existe deux versions de l'Opening, une version française et une version japonaise. Pour la diffusion TV française, le générique aura eu la bonne idée de mettre une partie en japonais et une partie en français, appuyant bien le fait qu'il s'agit d'une collaboration franco-japonaise !

On en vient donc au doublage original de la série qui est donc en français ! Si il n'y a rien à redire sur le choix des voix des personnages qui sont toutes très bien associée à leur personnage, il faudra tout de même un petit temps avant que les comédiens ne trouvent leurs marques, notamment pour Gabrielle JÉRU (Molly) qui sonne parfois un peu molle ou déphasée sur un personnage comme Molly, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'il s'agissait de son tout premier travail de doublage. Mais heureusement elle s'améliorera au fil des épisodes pour finalement être à la hauteur des autres comédiens de la série. Comme toujours, le doublage japonais n'aura clairement pas à rougir, c'est de l'excellent travail que nous livre les comédiens plus ou moins connus qui ont été choisi. En revanche je dois avouer que pour une fois j'ai une petite préférence pour le doublage original de la VF, peut-être parce que les personnages sont écrits d'un point de vue plus occidental à la base, les comédiens français arrivent donc selon moi mieux à rendre leur caractère. En revanche là où la série aura quelque peu vieilli c'est sur ses dialogues. Bon on passera sur toutes les maladresses qui ramènent sans arrêt Molly à son statut de "fille", c'était déjà beau d'avoir une héroïne dans une série d'action pour l'époque. Néanmoins certains autres dialogues sonnent parfois assez enfantin en comparaison des thèmes matures abordés dans la série. Rien de catastrophique mais on sent à de nombreuses reprises qu'il s'agit de dialogues de dessin-animé préformatés à la française.

Une grande série qui ne paie pas de mine

Ōban, Star-racers © Sav! The World Productions 2006/ HAL FILM MAKER Inc. 2006/ rare-gallery.com 2023 Tous droits réservés.

Ōban, Star-racers est un ovni de l'animation, à la fois si japonais mais aussi très français.

On sent qu'Ōban est un projet qui a demandé beaucoup de discussions et de ressources, mais surtout beaucoup de passion ! L'amour pour la série se ressent dans tout le soin apporté à l'univers extrêmement riche comme aux personnages qui sont tous maîtrisés d'une main de maître, offrant au final un œuvre surprenante qui parviendra à vous marquer durablement.

Un projet fou qui montre que lorsque l'on est déterminé et que l'on a les bonnes cartes en main, on peut créer une grande série. Bref, courez voir ou revoir Ōban, Star-racers, vous ne le regretterez pas !

Points Positifs	Points Négatifs
Un univers original et extrêmement riche	Une deuxième partie un peu plus molle que la première
Une réalisation incongrue mais d'une grande qualité	Certains dialogues assez immatures
Une grande galerie de personnage mémorable	Quelques personnages qui auraient mérité plus de développement
Molly, une héroïne cool et attachante !