Goodbye, my Rose Garden

26 Novembre 2023

Je peux réaliser ton rêve... si tu me tues.

Alice

Goodbye, my Rose Garden © Mag Garden Corporation 2018-2023/ Komikku Éditions 2020-2023 Tous droits réservés.

Titre original :
Sayonara Rose Garden
Genres :
Seinen/ Shôjo Ai/ Yuri
Auteure :
Dr.pepperco
Tomes :
3 (Terminé)
Magazine de prépublication :
MAGxiv (2018)
Éditeur français :
komikku (2020)

Cette critique parle d'une œuvre abordant le sujet de l'homosexualité.

Nous vous invitons à quitter la page si il s'agit d'un sujet sensible pour vous.

Nous sommes à Londres, à l'aube du XXe siècle.
Passionnée de littérature, la jeune japonaise Hanako décide de partir en Angleterre afin d'y rencontrer son auteur préféré, Victor Franks, mais elle fait chou blanc et se retrouve sans le sou dans un pays inconnu. Alice, une jeune aristocrate touchée par sa situation lui propose alors de l'embaucher comme femme de chambre. Unies par la même passion pour la lecture, les deux jeunes filles deviennent rapidement inséparables. Mais c'est alors qu'un jour, Alice fait une étrange proposition à Hanako : Elle accepte de lui faire rencontrer le mystérieux Victor Franks à la condition qu'Hanako aide Alice à mettre fin à ses jours.

Une seule rose pourra être son jardin

Sayonara Rose Garden © Mag Garden Corporation 2018-2023 Tous droits réservés.

L'histoire de Goodbye, my Rose Garden ne sera pas sans rappeler les romans de Jane AUSTEN. Plongée dans l'Angleterre édouardienne, nous assisterons à l'évolution de la romance entre deux femmes que tout oppose : leur personnalité, leurs origines mais surtout leur classe sociale. En revanche elles auront deux choses en commun : leur genre, et l'amour qu'elles éprouvent l'une pour l'autre. Des sentiments qu'elles tenteront d'abord d'ignorer ou qu'elles ne comprendront pas tout de suite mais qui se révéleront de plus en plus réels à mesure que les deux jeunes femmes passent du temps ensemble, jusqu'à ne plus pouvoir faire semblant. Malheureusement il s'agit là d'un amour inavouable.

Ceci sera donc le moteur de toute l'histoire, de la rencontre de nos deux héroïnes à l'évolution de leur affection à mesure des journées passées à s'habiller pour sortir ou à discuter de littérature et tenter de trouver des indices sur Victor Franks, l'auteur préféré d'Hanako qu'Alice semblerait savoir où trouver. Leur quotidien sera plutôt ordinaire mais leur entourage ne sera pas dupe et comprendra rapidement ce qu'il se trame entre les deux femmes qui pourtant font tout pour taire leurs sentiments. Tentant tour à tour de s'éloigner pour finalement mieux se rapprocher, celles-ci devront apprendre à se révéler l'une à l'autre pour pouvoir enfin prendre leur décision. Si l'œuvre n'est pas avare en péripéties, elles resteront tout de même assez réalistes, et au final bon enfant. Néanmoins l'œuvre ne s'empêchera pas d'instiller une mélancolie qui suivra le récit du début à la fin, nous plongeant dans le doute jusqu'au bout quant à la conclusion de cette douloureuse mais si belle histoire d'amour.

La fragilité de la rose fait toute sa richesse

L'œuvre n'étant composée que de trois tomes seulement, peu de personnages y apparaîtront.

Nous retrouverons d'abord Hanako, une jeune japonaise simple et discrète mais pleine de vie qui n'a pas hésité à traverser la mer pour pouvoir réaliser son rêve : faire lire son manuscrit à l'écrivain Victor Franks. Éprise de littérature et plus particulièrement des œuvres du gentilhomme, Hanako souhaite devenir une écrivaine qui puisse bousculer les émotions des gens tout comme lui.
Hanako est donc une héroïne plutôt basique à première vue mais dont la réserve cache en réalité une détermination à toute épreuve qui la rendront particulièrement intéressante. Elle possède également un grand cœur, ce qui la rend d'autant plus attachante.

De l'autre côté, nous aurons Alice, jeune aristocrate anglaise parfaite sous tous rapports. À la fois digne et intelligente, elle inspirera rapidement l'admiration, notamment car elle saura également faire preuve d'une grande bonté. Cependant elle cache en elle une face plus sombre, mettant généralement de la distance avec les personnes qui l'entourent et ayant du mal à faire sagement ce qu'on lui dit.
Alice est donc la lady que tout le monde admire, ce qui en fait dès le départ une figure importante pour notre héroïne Hanako. Cependant on remarquera bien vite que le personnage a beaucoup plus à offrir et celui-ci ne cessera de s'approfondir à mesure de l'avancée de la lecture, faisant d'Alice une héroïne que l'on a envie de soutenir et de voir enfin libérée de ses chaînes.

D'autres personnages secondaires viendront rapidement se greffer à l'histoire comme Edward, fiancé d'Alice qui ne voit pas d'un bon œil sa proximité avec la gouvernante, ou bien Marie, une libraire qui saura soutenir Hanako et Alice lorsqu'elles seront dans le besoin. Suzy, une gouvernante française qui ne partagera pas les idées d'Hanako mais qui grâce à ça l'aidera à grandir et affronter ses sentiments. Tous seront des personnages qui apparaîtront assez peu mais qui seront toujours là pour une bonne raison et qui malgré tout sauront être assez ambivalent pour qu'on parvienne à s'y attacher et à comprendre leurs motivations.

Inutile de vous dire qu'il en sera de même pour Hanako et Alice. Si le duo peut paraître un peu trop simple voir cliché au premier abord, leur personnage prendra de plus en plus d'épaisseur au fil de la lecture et les deux seront admirablement bien développées, tout comme la romance qui sonnera toujours juste, nous donnant envie de voir ces deux jeunes filles ensemble et heureuses.

L'épine cachée sous la rose

Le manga sera peut-être court mais cela n'empêchera pas son histoire d'être dense. En effet, si les problèmes rencontrés par les deux héroïnes sont plutôt convenus (un amour impossible, un rang social différent, l'opposition des proches, le souci du qu'en dira-t-on...), ceux-ci seront traités de manière assez rythmée pour nous donner envie de suivre l'histoire. Les personnages ont plusieurs paliers d'évolution, une évolution qui se fait de manière constante et sans jamais traîner, et surtout de manière extrêmement naturelle. On ne sentira jamais un amour ou des réactions forcées, tout s'enchaînera proprement et on croira tout de suite à l'affection progressive qui lie Hanako et Alice. De même, si l'histoire se veut assez mélancolique et un peu mélodramatique, elle ne tombera jamais dans la surenchère et sera même au contraire plutôt optimiste et joyeuse dans l'ensemble, la part sombre d'Alice étant toujours contrebalancée par le caractère enjoué d'Hanako qui rend donc la lecture touchante mais pas accablante. Il n'empêche que la série n'aura que 3 tomes pour faire le tour de son histoire, ce qui ne lui permet donc pas trop de sortir des sentiers battus ou de traiter ses thèmes avec une grande profondeur qui aurait parfois pu être intéressante pour le coup, les problématiques se réglant souvent de manière assez concise en offrant peu de résistance. L'histoire est donc plutôt romancée et peut-être un peu naïve sur certains aspects mais le ton sera toujours bien balancé, offrant donc une lecture à la fois profonde par moments mais qui sait aussi se contenter d'être simplement distrayante.

Pour accompagner cela, il y aura les dessins tout simplement sublimes de l'auteure. Proche du style shôjo avec ses grosses bouilles rondes et ses yeux immenses donnant des allures plutôt kawaii aux personnages, celui-ci sera contrebalancé par un soin apporté aux détails d'une qualité millimétrée. Le dessin est fluide, toujours en mouvement, et n'hésitera pas à appuyer sur les longs cheveux d'Alice ou les grandes robes à franges de l'époque, rendant certaines scènes romantiques à souhait (un style qui se remarque également à travers les couvertures qui sont de vraies oeuvres d'art). Mais en plus de ça, les costumes d'époque et les décors seront composés d'énormément de détails qui viendront donner un côté plus adulte et réaliste à l'histoire. La mise en page en revanche est étonnamment stricte mais se révèle efficace. L'atmosphère, créée par les nombreux reflets et la grosse gestion de l'ombre et lumière, qui se reflète dans les pages est convaincante et tantôt joyeuse, tantôt plus sombre. Les scènes romantiques sont particulièrement efficaces, tout comme les dialogues vifs et intenses (Alice pourrait être une protagoniste d'otoge que ça ne choquerait personne !). Les fans de lecture sauront aussi apprécier les petites références par-ci par-là aux livres et à la littérature occidentale (on comprend parfaitement la passion d'Hanako pour les librairies anciennes et on s'émerveille devant la bibliothèque infinie du manoir d'Alice).
Une dernière note également pour l'éditeur komikku qui offre une édition à la hauteur des graphismes avec un format large, un papier clair, des pages en couleur et des couvertures avec des effets de relief et de brillance. Les couvertures disponibles sous les rabats possèdent également un design propre qui vient coller au thème du tome en question, ce qui lui donne encore plus de cachet. Du travail d'orfèvre pour une série pourtant de niche !

Le shôjo ai Romantique

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Goodbye, my Rose Garden est en tous points une réussite.

Un shôjo ai des plus romantiques dont le genre se justifie par un contexte qui s'y prête dans l'histoire. La romance amène donc des problématiques et des réactions plutôt réalistes de la part des protagonistes mais enrobé d'un ton plus romanesque qui permettra une lecture à la fois impactante mais sachant rester légère.

Un excellent titre dans le genre, particulièrement beau et émouvant, avec des graphismes sublimes que je recommande donc chaudement à tous les publics !

Points Positifs	Points Négatifs
Une histoire belle et émouvante	Quelques thématiques complexes traitées en surface
Les personnages particulièrement attachants	Les personnages secondaires qui n'apparaitront que très brièvement
Les dessins éblouissants	Impactant, oui, mais qui restera très chaste dans l'ensemble